BRUTALITÉ PASTORALE

Je souhaite créer des espaces d’action, esthétiques et psychologiques qui soient tendus vers les autres. En utilisant l’acte performatif, j’accentue ces moments de pertes uniques et singuliers. Déréalisées, ces situations récréatives deviennent souvent scènes de chasses, de danses, de rituels. Est-il désormais toujours question de l’œuvre elle-même ou d’une sensation d’un effet d’exposition ? L’art ne deviendrait-il pas un simple décor, l’excuse d’une ultime célébration ? Ainsi, la mise en scène, l’art comme simulacre soulignent chacune de mes tentatives. Ma posture tend vers une liquéfaction de la pensée conceptuelle. Elle tente de percer les arcanes secrets de ma sensibilité. Ce travail encourage toute tentative d’appropriation culturelle si tant est que la culture puisse être possédée. Tentative d’expression multifactorielle, ces travaux seront un cadrage tant du point de vue de l’oppresseur que de l’oppressé, du maître que de l’esclave, du créateur que du destructeur. Je souhaite proposer une expérience récréative nouvelle, non comme échappatoire, mais comme lieu d’ancrage et de création. Une fête, une exposition, autant d’expériences nous arrachant à la routine de notre existence,mais qui m’apparaissent, en fin de compte, comme de rares moments d’expression de notre vérité : un chaos primordial sans cesse rejoué et proposé comme expérience régénératrice.

CRASH SYMBOLIQUE

Des esthétiques, des installations, des sculptures statiques souvent contradictoires ou en symbiose avec le mouvement des corps en action. Empreintes d’expériences et d’imageries diverses, elles peuvent trouver écho au happening ou, plus largement, à une fête comme moment initiatique, social et libérateur. Cette pratique évoque bien souvent la fin d’un état au profit d’un autre naissant, tout particulièrement lorsqu’il aborde des thèmes, tels que l’écologie ou l’anthropocentrisme. L’œuvre devient ce sabbat où les flèches du sens viennent y terminer leurs courses. Elle joue avec les temps, déployant dans l’espace une multitude de facettes. Elle puise dans les mémoires, les symboles d’un passé lointain et étrangement familier. Cette distorsion temporelle laisse les empreintes encore fraiches d’une lutte de nos passions et de nos instincts, un rite de passage, une quête identitaire marquée par la recherche d’expériences nouvelles. Elle embrasse l’horizon de nos perceptions intimes. Acteurs de cette primitive aurore, nous sommes le prédateur et la proie de ce monde intérieur. Montrer ce qu’il est possible de faire à une époque, à des époques données, sans faire de la misère, des maux de l’humanité, le produit de sa propre gloire, c’est là le cœur de mon intention.

PARADIGME IDENTITAIRE

Les références culturelles et historiques, les symboles, ne sont plus des prises auxquelles se raccrocher, mais deviennent des fenêtres ouvertes sur le doute. Il n’est dès lors plus question d’une pratique opérant selon une stratégie formelle, mais d’une poétique de la chute, du risque, de la déconstruction … Dans l’espace d’exposition, le spectateur devenu l’archéologue holistique de moments passés ou futurs s’enfonce dans des couches d’interprétations. Toutefois, ces mémoires ne coexistent pas selon un système de valeurs empiriques, mais sur un même plan. Elles peuvent donc créer une sensation de déroutement : mais où veut-il en venir ? Où est-ce que je vais ? Loin d’une démonstration dialectique, ces expériences n’ont pas de trajectoires définies, aucune de ses composantes ne prend le dessus l’une sur l’autre. Sans compromis, le dialogue entre le fond et la forme s’autorégule et trouve son équilibre dans le sujet perceptif.